TotalEnergies Marketing France continue à moissonner les succès dans la distribution du GNC (gaz naturel comprimé). Après Berthelet et Kunegel, deux nouveaux opérateurs de transport lui ont accordé leur confiance pour la construction d’une station privative : Keolis au Coteau et Transdev à Compiègne. Récit et perspectives en compagnie de Kenza BIAZ, chef de service développement gaz au sein de la direction MNE (Mobilités & Nouvelles Energies).

TotalEnergies Marketing France a gagné, fin 2021, deux appels d’offres pour des stations d’avitaillement privatives au GNC (gaz naturel comprimé). Comment avez-vous détecté ces opportunités ?   

Kenza BIAZ : Isabelle DEVRON, qui occupe le poste de Business Developper GNC au sein de mon équipe, est aujourd’hui bien connue dans le secteur du transport de voyageurs, ce qui nous permet d’être interrogés lorsqu’une consultation est lancée. Pour les projets Transdev Compiègne et Keolis Le Coteau, notre candidature ne s’est pas tout de suite imposée comme une évidence. Si nous n’avions tenu compte que du volume annuel envisagé (130 tonnes de GNC), nous ne nous serions pas positionnés pour le site du Coteau. Mais nous avons considéré deux autres aspects. D’une part, il s’agit d’un site pilote, ce qui veut dire que le volume est voué à augmenter au fil du temps, et avec lui la rentabilité pour le prestataire que nous sommes. D’autre part, nous négocions avec Keolis un accord de référencement national multi énergies. Si les discussions aboutissent, l’expérience partagée sur la station du Coteau pourra nous ouvrir d’autres débouchés.   

Sur quels critères la décision de concourir dans le cadre du projet de Transdev à Compiègne a-t-elle été prise ?

K. B. : Sur ce site, le volume annoncé était plus important (470 tonnes/an). En revanche, le modèle contractuel ne correspondait pas à celui auquel nous sommes habitués. Jusqu’à présent, nous avons toujours privilégié un schéma « clé en main » : nous portons les investissements, construisons et mettons en service la station, et fournissons la molécule. De son côté, le client paye, en s’engageant sur un volume donné, en fonction d’un prix exprimé en euros/kilo de GNC. Il verse aussi un loyer pour utiliser la station. En vue d’équiper le dépôt de Compiègne, Transdev a imaginé une solution différente, avec deux appels d’offres. Le premier a porté sur la construction et la maintenance (pendant sept ans, sur une base forfaitaire) des installations. Le second, qui se déroulera en 2023, sur la fourniture. Nous avons décidé de participer à la première consultation dans la mesure où le client a une dimension stratégique pour l’entreprise. L’idée est de démontrer notre savoir-faire sur l’activité GNV pour ensuite pouvoir tirer parti d’un potentiel d’affaires important.    

Quelles étaient les principales attentes des opérateurs ?

K. B. : Tous deux se sont vu attribuer l’exploitation de réseaux de transport public. Dans le premier cas, c’est l’autorité organisatrice des mobilités des territoires Lyonnais (SYTRA) à laquelle Keolis répond et fera circuler 10 autocars de ligne et 15 bus scolaires. Transdev, pour sa part, disposera d’une flotte de 28 autocars pour desservir Compiègne et ses environs. Faute d’une station publique distribuant du GNC à proximité des parcours effectués par les véhicules, la construction d’une station privative s’est imposée dans les deux cas. Keolis voulait une prestation « clé en main » ainsi qu’un interlocuteur unique pour traiter les questions liées à l’approvisionnement en gaz, au financement, au déroulement du chantier, etc. L’enjeu était donc de structurer les contributions internes de manière à formaliser une réponse rapide et cohérente. Du côté de Transdev, le respect du planning de réalisation de la station constitue un point critique. Les autocars doivent entrer en fonction début septembre, sans quoi des pénalités seront appliquées. En signe d’engagement, nous avons proposé de prendre ce risque à notre charge.   

Quels ont été les autres éléments différenciants des offres remises par la direction MNE ?

K. B. : Sur le plan technique, nous avons beaucoup travaillé pour garantir une disponibilité optimale des installations. L’accent a été mis sur la fiabilité des équipements mais aussi sur la performance du dispositif de surveillance avec, notamment, un système de supervision en temps réel et la promesse d’une intervention en moins de deux heures en cas d’incident. S’agissant de la distribution, nous avons innové sur le site Transdev. Au poste de remplissage rapide (où le temps d’avitaillement est de l’ordre de 15 minutes) s’ajoutent 28 postes de charge lente qui serviront à remplir les réservoirs pendant que les véhicules sont garés, en particulier pendant la nuit. Sur le volet commercial, un point majeur a été notre capacité à remplacer l’habituel conteneur en béton – à l’intérieur duquel se trouve le module de compression – par un équivalent métallique. Cette substitution, qui a nécessité de référencer un nouveau fournisseur implanté en Italie, nous a donné la possibilité de proposer des prix d’ensemble très compétitifs.   

À quelles équipes et entités avez-vous fait appel en interne ?

K. B. : Pour Isabelle DREVON, qui pilote le projet Keolis, comme pour Kévin DEVAUX, son homologue auprès de Transdev Compiègne, l’appui de Mathieu BARAIS, ingénieur au sein du département DCM (Développement Construction Maintenance), a été décisif. C’est à lui que nous devons, par exemple, d’avoir pu répondre aux exigences de Transdev en matière de RSE, en confiant une large partie des lots du projet à des entreprises appartenant au tissu économique local. Par ailleurs, nous avons pu nous reposer sur TotalEnergies Electricité & Gaz France pour traiter les problématiques relatives à la fourniture de l’électricité et du gaz, et sur Fonroche* pour l’approvisionnement en biogaz. Il a même été nécessaire de mobiliser au-delà du périmètre de TotalEnergies Marketing France. À titre d’illustration, le réseau de la branche Marketing & Services a parfois été activé pour pousser notre position auprès de Transdev, sachant que cet acteur est lié à la Compagnie par un accord cadre. Pour moi, il n’y a pas de doute : la capacité à unir nos forces a été un gros « plus » par rapport à nos concurrents, qui n’ont pas la même polyvalence.     

Où en sont actuellement les deux projets ?

K. B. : Trois visites ont eu lieu sur les dépôts du Coteau et de Compiègne en présence des différents acteurs concernés. Chaque semaine, nous organisons un point pour balayer l’ensemble des sujets et s’assurer que le rythme est bien tenu. Une des prochaines étapes sera la visite du fournisseur des conteneurs métalliques : deux jours pendant lesquels nous établirons les spécifications techniques en veillant à leur conformité avec les normes de la compagnie. La mise en service de la station Keolis est prévue en juillet 2022, et celle de la station Transdev en septembre. Ces opérations s’inscrivent dans une trajectoire volontariste puisque TotalEnergies Marketing France ambitionne d’ouvrir, en moyenne, six stations privatives par an tout en continuant à développer le réseau de stations publiques distribuant du GNV. Pour ces dernières, le parc devrait monter de 26 à 85 – 150 en Europe – à l’horizon 2030. Mais, si la réglementation évolue favorablement d’ici cette échéance, avec la reconnaissance du bioGNV comme une énergie propre, la feuille de route pourrait bien s’enrichir ! 

* Expert en énergie solaire depuis plus de 10 ans , Fonroche propose des solutions d’éclairage extérieur solaire autonome, de fabrication française.