


Il était temps d’en parler : l’E85 a le vent en poupe ! Ce biocarburant intègre 60 à 85% d’éthanol, un alcool fabriqué à partir de betterave, de blé, de maïs ou de résidus agricoles majoritairement produits en France. Il permet de réduire de 45% les émissions de CO2 par rapport à un carburant SP95-E10.
Pour répondre à la demande exponentielle du marché, les dépôts pétroliers repensent leur organisation logistique.
Cette fois-ci c’est au dépôt de Cournon d’Auvergne que cela se passe ! Le 20 juin, un bac d’essence de près de 700 m3, a été réaffecté pour stocker de l’éthanol. Après la mise en service du réservoir, les gérants des stations-service de la zone géographique de Cournon ont visité le dépôt (voir photo ci-dessus).
Nous avons échangé avec Éric GABORIEAU, responsable du dépôt de Cournon, Marjorie MARTELES, chargée d’affaires au Service Technique, et Camille CHEVALLOT, pilote logistique à la direction Supply & Logistique France. Les trois collaborateurs travaillent main dans la main dans un but commun : garantir la pérennisation de nos dépôts et leur adaptation aux évolutions du marché.
Plongez dès maintenant au cœur du fonctionnement d’un dépôt pétrolier, témoin direct de la transformation de nos activités…


Pouvez-vous nous parler de la genèse du projet ?
Éric GABORIEAU : Tout est parti du constat que nous n’avions pas assez de stockage d’éthanol sur le dépôt de Cournon. Tandis que d’autres dépôts disposent de deux cuves de 100m3 de stockage, nous en avions deux d’une capacité de 50m3 chacune. Nous étions très souvent en rupture et obligés de suspendre des chargements de carburants éthanolés. Aux côtés du service technique (Maxime LAMBERT du pôle Conception) nous avions étudié deux ans auparavant une solution de transformation du bac 27, ce qui nous a permis d’être extrêmement réactifs lors la validation du projet.
Camille CHEVALLOT : Pour augmenter l’attractivité du dépôt, après avoir mis en place l’E85, il devenait primordial d’en augmenter la capacité de distribution. Chaque jour, je constatais de fortes augmentations de volumes de sortie de ce produit-là, bien au-delà de ce que nos capacités de stockage d’éthanol nous permettaient de faire en fonctionnement normal. Nous nous devions de trouver une solution : soit construire une cuve enterrée supplémentaire, soit une solution moins coûteuse mais innovante avec la réaffectation d’un bac de produit classique.
Marjorie MARTELES : Nous avons opté pour la réaffectation du bac n°27 qui contenait de l’essence, solution la moins coûteuse et offrant le plus de capacité de stockage pour l’éthanol.
Là intervient le Service Technique, dont je fais partie, pour gérer les travaux neufs ou de maintenance sur les 7 dépôts entièrement opérés par TotalEnergies en France.
Justement, comment s’est déroulée l’opération de réaffectation ?
E. G : En lien avec l’entreprise de tuyauterie Fives Nordon, nous avons dû dans un premier temps connecter le système de pomperie aux bacs d’éthanol et de Sans Plomb 95. Car il faut bien comprendre une chose : l’E85 n’est pas directement stocké dans un bac !
Pour concevoir ce carburant, il faut incorporer 85% d’éthanol dans du SP95. Le mélange se fait sur le poste de chargement du dépôt : lorsqu’un de nos client vient se procurer en carburant éthanolé, il branche son camion sur un tuyau qui relie les bacs d’éthanol et de SP95. Suivant le pourcentage d’incorporation d’éthanol, on obtient de l’E5, de l’E10 ou de l’E85.



M. M : Une fois les systèmes de pomperie connectés, nous devons aujourd’hui repenser notre approvisionnement en éthanol. Pour répondre à la forte hausse de la demande, nous allons recourir à une livraison par wagon d’ici l’année prochaine. La ligne SNCF reliant Clermont-Ferrand à Nîmes passe à proximité du dépôt. Imaginez, quand nos camions de livraison offraient une capacité de 38m3, nous disposerons de wagons d’une capacité allant chacun jusqu’à 80m3 ! Nous pourrons ainsi assurer un ravitaillement en masse avec des lots de livraisons établis entre 500 et 600m3. A noter également qu’un approvisionnement par wagon permet de réduire notre empreinte carbone et de contribuer à la préservation de l’environnement.

Côté chiffres, quelles évolutions observe-t-on sur la demande d’E85 ?
C. C : Nous sommes face à une croissance extrêmement forte. Depuis la mise en service du bac 27, nous avons plus que doublé les volumes de sortie d’E85 ! La forte demande pour ce biocarburant composé de SP95, va aussi accélérer les sorties des autres produits (diesel, SP98…). Il est devenu un produit d’appel pour accroître l’attractivité du dépôt.
Dans le contexte de la guerre en Ukraine, il faut également savoir que la hausse des prix des carburants est moindre pour l’E85. Le biocarburant bénéficie enfin d’un prix attractif grâce à sa fiscalité avantageuse.
Résultat : si en 2020 l’E85 représentait 3,8% du marché des essences chez TotalEnergies, il s’établit à 7,4% en 2022 !
La réalité des volumes de sortie de l’E85 est souvent bien supérieure aux prévisions que nous établissons. Pour faire face à cette augmentation et éviter les pertes d’activités potentiellement réalisables, il est aujourd’hui primordial d’avoir des capacités de stockage en éthanol en adéquation avec la demande.
Nous l’avons évoqué, le prochain défi est celui de l’approvisionnement massif par wagons. A suivre…

Répartition du marché des essences chez TotalEnergies entre 2020 et 2022
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