Comment transformer le terrain d’une ancienne station-service en écrin de verdure ?

C’est le défi relevé par 35 collaborateurs de TotalEnergies engagés dans le programme Action! et venus de tous horizons, avec en tête de file les collaborateurs de la Direction Régionale de Lyon, mais aussi de la plateforme de Feyzin, du CRES, du Spazio et de Retia.

Objectif : planter plus de 350 arbres et arbustes sur le site de l’une des deux stations « Belle Étoile », située sur la route départementale CD12,
fermée en 2022 dans le cadre du Plan de Prévention des Risques Technologiques (PPRT).

Avec le soutien de l’Association pour le Développement Durable de la Vallée de la Chimie (ADDVC), et encadrés par l’écologue Vincent Gaget et la société Nature Urbaine Conseils et Services (NUCS), les volontaires ont métamorphosé l’ancienne station en un lieu porteur de biodiversité !

Retrouvez les photos des collaborateurs mobilisés

L’équipe de L’aparté est allée à la rencontre de Véronique RABIET, ingénieur Environnement & Remédiation, qui nous dévoile les étapes clés du démantèlement et de la dépollution de la station, ainsi que le déroulement de la journée dédiée à la végétalisation du site Belle Étoile 1.

De belles graines d’avenir… et de génie !

Véronique, avant d’entrer dans le vif du sujet, peux-tu nous dire quelques mots sur les deux stations « Belle Étoile », situées près de la raffinerie de Feyzin ?

Véronique RABIET : Bien sûr, plantons d’abord le décor ! À proximité de la raffinerie de Feyzin, le long de la CD12, se trouvaient deux célèbres stations-service – Belle Étoile 1 et 2 – mises en service en 1966 et 1967. Elles ont été reprises par la Compagnie en 2005 pour l’une et en 2007 pour l’autre. Très fréquentées et bien connues des Lyonnais, ces deux stations ont néanmoins dû cesser leurs activités en 2022, dans le cadre du Plan de Prévention des Risques Technologiques (PPRT), qui interdit toute activité pérenne dans cette zone du fait de la proximité avec la raffinerie.
Et je devine déjà la question que vous êtes sur le point de me poser…

Les anciennes stations-service Belle Etoile 1 & 2

Tu as raison Véronique, tu lis dans nos pensées !
Alors, dis-nous : quelle nouvelle vie avez-vous envisagé pour ces deux sites ?

V.R : Pour comprendre le chemin que nous avons emprunté, il faut d’abord replacer les choses dans leur contexte. Nous évoluons au cœur de la Vallée de la Chimie, ce long couloir au Sud de la Métropole de Lyon, marqué par une forte concentration d’industries chimiques. Il y a quelques années, la Métropole a recensé entre 30 et 60 hectares de terrains laissés vacants, autrefois occupés par des activités industrielles. Pour éviter que certains espaces ne restent en friche, les pouvoirs publics se sont engagés dans un vaste programme de reboisement : 20 hectares de forêts, destinés à recréer un corridor écologique non continu entre la Vallée de la Chimie et l’Ile de la Chèvre. La raffinerie de Feyzin, disposant elle-même de terrains inoccupés, s’est engagée à contribuer à ce projet à hauteur d’un hectare. La voie était alors toute tracée pour ajouter notre pierre à l’édifice avec la végétalisation du site Belle Étoile 1, pour une surface de 1700 m², créant ainsi un puits de fraîcheur supplémentaire qui accueillera la faune et la flore.

Comment se sont opérés les travaux de reconversion des deux terrains ?

V.R : À la suite de la fermeture, nous avons commencé à réaliser toutes les études préalables. Les diagnostics environnementaux des sols et des eaux souterraines ont permis d’évaluer l’état des milieux. En parallèle, des études géotechniques été menées afin de définir les modalités d’excavation et de protection de l’autoroute, de la CD12 et la gestion des eaux souterraines. Ce travail préparatoire a ouvert la voie aux opérations de démantèlement et de dépollution des sols, menées avec la plus grande vigilance pour garantir la sécurité sur les deux sites situés à proximité des routes et traversés par une ligne haute tension.

Nous sommes assez fiers de ce chantier vertueux car nous avons valorisé 100% de la ferraille et surtout, aucune terre impactée n’a été mise sur la route. Les 1 300 m³ de terres issues des deux sites et polluées par les hydrocarbures ont été regroupées sur le site de Belle Étoile 2. Si les analyses chimiques ont montré le caractère inerte des sols, les analyses agronomiques ont cependant révélé une terre pauvre en matière organique. Afin d’améliorer la fertilité du sol, un décolmatage et un amendement par compost a été réalisé par la société Nature Urbaine Conseil et Services (NUCS).

Concrètement, notre démarche s’est articulée en deux étapes : assainir complètement le premier site afin de préparer les sols pour permettre la végétalisation, puis traiter les terres polluées entreposées sur le second site grâce à la technique de la rhizodégradation – ou landfarming planté pour les anglophiles – qui utilise les plantes pour dépolluer naturellement les sols plutôt que de les envoyer en centres de traitement.

À tous les nostalgiques des cours de SVT, peux-tu nous expliquer plus en détail la méthode du landfarming planté ?

V.R : Cette méthode, aussi appelée rhizodégradation, consiste à utiliser certaines plantes pour accélérer la biodégradation des hydrocarbures présents dans les sols. Voici comment nous avons procédé… Nous avons commencé par déposer une première couche de compost sous les terres polluées, avant de remettre une seconde couche par-dessus. On a ensuite semé de la luzerne, une plante résistante qui s’adapte aux sols pauvres car elle consomme l’azote dans l’air. Elle possède également deux atouts majeurs pour stimuler la prolifération des champignons et bactéries qui vont assurer la dégradation des hydrocarbures présents dans les terres. Tout d’abord, ses racines denses et profondes déstructurent certains agglomérats et facilitent la circulation d’air et d’eau dans le sol, créant des conditions idéales pour le développement des micro-organismes. Ensuite, ses racines libèrent des substances nutritives (sucres, acides et enzymes), apportant aux bactéries les nutriments nécessaires à leur prolifération. Grâce à ces interactions biologiques, la dégradation des hydrocarbures est accélérée, permettant d’assainir progressivement les terres et de les rendre inertes. Le traitement est en cours et devrait s’étendre sur une période de deux ans. En attendant que le sol du site Belle Étoile 2 puisse être à nouveau propice à la plantation, nous avons décidé de convertir le premier site en un havre de verdure !

Nous y voilà ! Fais-nous revivre les temps forts de cette journée dédiée à la végétalisation de l’ancienne station Belle Étoile 1…

V.R : Ce projet de plantation représentait une véritable aubaine. L’idée m’est venue de mobiliser les collaborateurs à travers une mission proposée dans le cadre du programme Action! afin de permettre à chacun de contribuer à la renaturation du site tout en profitant d’un moment d’échange et d’engagement autour de la biodiversité. Et avec l’aide précieuse de Sophie TRAMA, Responsable d’établissement de la Direction Régionale de Lyon, et de Frédéric GROS, Directeur Régional Ouest et mobilisé sur le déploiement des programmes Action!, nous avons réussi à concrétiser ce beau projet à impact ! Pas moins de 35 volontaires issus de la Direction Régionale de Lyon, de la raffinerie de Feyzin, du CRES, du Spazio et de Retia – ont répondu présents, motivés par la présentation que j’avais faite sur le Levier 3 du programme lors du Sustainab’ALL Day.

En préparation de l’événement, l’écologue Vincent Gaget nous a fait bénéficier de son expertise dans le choix des espèces les plus adaptées et dans les modalités de plantation. J’ai ensuite passé commande auprès de la société NUCS, qui nous a fourni 356 arbres et arbustes représentant 23 espèces différentes. La société NUCS a également livré le matériel nécessaire et positionné des tuteurs au niveau de chaque future plantation.

Le jour de l’événement, nous avons accueilli l’ensemble des équipes. Après un temps de Safety Moment, Vincent Gaget en a profité pour nous expliquer la méthode de plantation et exposer la biodiversité de l’environnement. Ensuite, à vos pelles, à vos pioches ! Des équipes se sont formées pour bécher, creuser et ajouter de la cornaille dans chaque trou avant d’y planter les arbres. Nous avons eu un temps de rêve, les gens avaient le sourire, changeaient de groupe et discutaient dans une ambiance bienveillante et sereine ! Nous nous sommes ensuite tous retrouvés pour partager un délicieux repas autour du food-truck mobilisé pour l’occasion. À l’issue de cette action, chacun est reparti avec son godet pour planter un arbuste dans son propre jardin… une technique qui n’échappe plus à personne à la suite de cet entraînement ! Cette renaturation sera aussi complétée d’un hibernaculum destiné aux lézards et autres batraciens.

Au-delà du temps donné pour la cause, cette mission nous a permis de partager des moments conviviaux au grand air, d’aller à la rencontre de collègues qui travaillent sur d’autres sites et d’apprendre tellement d’aspects intéressants sur la biodiversité ! N’hésitez pas à passer devant le site pour suivre l’évolution de nos plantations ! Prochain rendez-vous : la plantation sur le site Belle Étoile 2… Peut-être l’année prochaine et avec encore plus de monde car le site est beaucoup plus grand. Tenez-vous prêts !